Des déficits structurels importants en raison d’un niveau de dépenses beaucoup plus élevé qu’avant la pandémie. Le retour à l’équilibre budgétaire en 2030 sera parsemé d’embûches.
Québec, 12 mars 2024 – Le Comité des politiques publiques (CPP) de l’Association des économistes québécois (ASDEQ) n’est pas surpris de l’ampleur des déficits annoncés par le ministre des Finances Eric Girard aujourd’hui. Le tableau ci-dessous montre que le déficit budgétaire pour 2024-2025, prévu en novembre 2023 à environ 3 milliards de dollars, sera plutôt de 11 milliards de dollars, une hausse de 8 milliards de dollars résultant principalement de dépenses de portefeuilles plus élevées de 5,1 milliards de dollars.
Le ralentissement économique et les ententes plus généreuses que prévu en novembre, intervenues avec les employés du secteur public, ont certainement contribué à l’augmentation du déficit. Le facteur le plus important demeure toutefois le choix fait par le gouvernement dans les dernières années d’augmenter considérablement le financement accordé aux services publics, en priorité la santé et l’éducation.
Le gouvernement avait prévu en mars 2020 avant la pandémie que les dépenses de portefeuilles attendraient 123,7 milliards de dollars en 2024-2025. L’inflation plus élevée et les dépenses résiduelles permanentes résultant de la pandémie peuvent expliquer environ 13 milliards de dollars de dépenses additionnelles. Le graphique de la page suivante montre que ce sont les décisions prises depuis 2020 à l’égard de nouvelles dépenses qui expliquent l’essentiel du déficit qui sera enregistré en 2024-2025.
Le CPP a indiqué dans son avis prébudgétaire que le Québec et les citoyens peuvent décider de dépenser plus et de se donner davantage de services, mais qu’ils doivent accepter le fardeau fiscal nécessaire. Le CPP constate malheureusement qu’une partie importante du déficit budgétaire du Québec est maintenant structurelle, et non conjoncturelle, ce qui soulève des enjeux d’équité intergénérationnelle. Le déficit de maintien d’actifs (DMA) des infrastructures continue aussi d’augmenter, une autre forme de dette passée aux plus jeunes générations.
Le ministre Girard a choisi de reporter à l’an prochain le dépôt d’un plan de retour à l’équilibre budgétaire, ce qui respecte la nouvelle Loi sur l’équilibre budgétaire. Le défi que devra relever le gouvernement pour atteindre l’équilibre budgétaire en 2029-2030 est majeur. Il faut noter à cet égard que le cadre financier présenté aujourd’hui montre un déficit de quatre milliards de dollars en 2028-2029 et qu’une somme additionnelle de deux milliards devra être identifiée en économies d’ici là.
Le ministre annonce dès maintenant des révisions de certains crédits d’impôt et lance une revue de l’ensemble des dépenses fiscales et budgétaires dont les détails seront annoncés plus tard en 2024. Le CPP avait recommandé un tel examen dans son avis prébudgétaire.
Devant l’ampleur des défis des finances publiques et de l’économie du Québec pour les prochaines années et décennies, le CPP considère plus que jamais important que le Québec se dote d’un directeur parlementaire du budget comme le fédéral et l’Ontario l’ont fait pour examiner et faire rapport sur les enjeux économiques et financiers de long terme.
Consulter l’avis prébudgétaire 2024-2025 du CPP ici.
.
.
CONTACTS
Louis Lévesque, président du Comité des politiques publiques ASDEQ
André G. Bernier, directeur général