Communiqué de presse
Pour diffusion immédiate
Montréal, 8 décembre 2022 – Le Comité des politiques publiques (CPP) de l’Association des économistes québécois considère, à la lumière de l’énoncé économique du ministre des Finances d’aujourd’hui, que les finances publiques du Québec demeurent solides à la veille d’un ralentissement économique.
La mise à jour du ministre Eric Girard survient dans un contexte mondial d’inflation élevée et de grande incertitude économique, en raison notamment de la guerre en Ukraine, et alors que les banques centrales partout dans le monde haussent les taux d’intérêt. La situation économique en Amérique du Nord, aux États-Unis, au Canada et au Québec apparaît toutefois sensiblement moins problématique qu’ailleurs dans le monde.
Cela dit, les économistes révisent à la baisse depuis plusieurs mois leurs scénarios de croissance pour l’économie nord-américaine et les prévisions du ministre Girard ne font pas exception. Pour 2023, la croissance du PIB réel au Québec est revue à 0,7%, comparativement à une croissance prévue de 2% au moment du budget de mars 2022 et de 1,7% dans le rapport préélectoral d’août 2022. Pour 2022, la croissance est légèrement revue à la baisse à 3,1%.
L’inflation continue toutefois de gonfler les revenus du gouvernement. Pour l’année financière 2022-2023, les revenus fiscaux du gouvernement – principalement les impôts sur les revenus et taxes à la consommation – ont donc été révisés à la hausse de 4,1 milliards de dollars par rapport au budget de mars 2022 en raison de la croissance plus rapide du PIB nominal. L’énoncé comptabilise aussi la mise en place des mesures annoncées durant la campagne électorale, incluant le montant ponctuel pour l’inflation et le soutien additionnel aux aînés, de même que des mesures pour favoriser l’abordabilité des logements et renforcer la sécurité à Montréal. Le gouvernement indique que 6,5 millions de Québécois recevront un montant ponctuel contre l’inflation. Pour le CPP, les mesures d’aide contre l’augmentation du coût de la vie auraient pu être davantage ciblées vers les personnes démunies et inclure aussi les organismes de soutien aux plus démunis surtout en cette période du temps des Fêtes et de froid hivernal.
En tenant compte de l’ensemble des révisions et du coût des nouvelles mesures mises en place, le déficit budgétaire après les versements au Fonds des générations devrait atteindre 4,8 milliards de dollars en 2022-2023, soit environ 1,7 milliard de dollars de moins que prévu en mars 2022.
Le cadre financier présenté par le ministre indique que le déficit budgétaire devrait se situer entre 2 et 3 milliards au cours des 4 prochaines années en vertu de son scénario de référence. Un scénario alternatif de récession en 2023 ajouterait environ 5 milliards de dollars sur 3 ans à ces déficits entre 2023 et 2025.
Les prévisions du ministre tablent sur une croissance moins élevée des dépenses de portefeuille dans les prochaines années. La croissance des dépenses de portefeuille qui devrait atteindre 13,6% en 2022-2023, devrait être essentiellement nulle en 2023-2024 en raison de la non-récurrence des mesures ponctuelles de 2022-2023. L’Énoncé indique que la croissance annuelle des revenus devrait s’établir à 3,3% entre 2021-2022 et 2026-2027 et celle des dépenses à 4,7%. Maintenir un rythme de croissance des dépenses comparable à celui de la croissance des revenus constituera un défi important, compte tenu notamment des importantes pressions sur les dépenses salariales.
Le CPP veut rappeler l’importance du cadre législatif unique dont le Québec s’est doté dans l’amélioration remarquable observée de ses finances publiques au cours des 20 dernières années, et ce, contrairement aux autres provinces canadiennes où l’endettement a augmenté. Le gouvernement a suspendu l’application de la Loi sur l’équilibre budgétaire dans le contexte de la pandémie. Le CPP note à cet égard que le ministre des Finances réitère son engagement de retourner à l’équilibre budgétaire d’ici 2027-2028. Le ministre s’engage aussi à proposer des changements relativement à la Loi sur la réduction de la dette et instituant le fonds des générations dans le budget 2023-2024. Un nouvel objectif de réduction de la dette couvrant les 10 ou 15 prochaines années devrait alors être fixé.
Pour l’essentiel, l’Énoncé met donc à jour le cadre financier du gouvernement en intégrant les impacts des révisions aux prévisions économiques et la mise en place de mesures annoncées au cours de la campagne électorale. L’information transmise aujourd’hui établit le contexte pour les consultations et la planification menant au Budget 2023-2024, le premier du deuxième mandat du présent gouvernement.
Pour le CPP, ce Budget devrait être l’occasion de poser des gestes importants pour faire face aux défis structurels de l’économie et du secteur public québécois, défis qui incluent au premier chef l’augmentation de la productivité de nos entreprises, la modernisation de l’appareil public et l’intensification des efforts pour atteindre les cibles du Québec en matière de réduction de gaz à effet de serre.
CONTACTS :
Louis Lévesque, président
Comité des politiques publiques
514-835-7002
André Bernier, directeur général
Association des économistes québécois
581-849-9975