États-Unis : la récession devra encore attendre

Les plus récents indicateurs de l’évolution de l’économie américaine indiquent que sa croissance s’est améliorée ces derniers temps. Le PIB américain a crû à un rythme annuel de 2,5 % de juillet à septembre, soit mieux qu’aux deuxième (1,3 %) et premier (0,4 %) trimestres, selon les statistiques publiées le 27 octobre par le Bureau of Economic Analysis. Même les mises en chantier de logements se sont légèrement améliorées en septembre dernier, affichant un rythme annuel de 658 000, soit nettement mieux que les mois précédents et le meilleur résultat depuis avril 2010; mais, c’est bien en-deçà encore du nombre suffisant pour envisager un regain significatif de la construction résidentielle.

Cette progression de l’économie américaine ne serait-elle qu’un sursaut avant des jours sombres? L’évolution mensuelle et semestrielle de l’indice des indicateurs avancés du Conference Board (CB) pointe vers une faible croissance au cours des prochains mois. L’économiste en chef de cet organisme évalue à 50 % la probabilité d’une nouvelle récession. En outre, les données du CB sur la confiance des consommateurs américains font état d’une accentuation de leur pessimisme en octobre par rapport à septembre dernier. Leur degré de pessimisme serait semblable à ce qui prévalait durant la récession de 2008-2009, ce qui n’augure rien de bon pour les dépenses de consommation des ménages au cours des prochains mois et leurs intentions d’achats de logements. Un bémol s’impose toutefois : les résultats des enquêtes sur la confiance des consommateurs ne sont pas toujours une représentation fidèle de leur comportement. À preuve, au troisième trimestre, les dépenses personnelles de consommation ont significativement augmenté même si la confiance n’y était pas selon les enquêtes menées auprès d’eux.

Quant à l’Economic Cycle Research Institute (ECRI), ses experts ont prédit, à la fin de septembre, que l’économie américaine se dirigeait vers une nouvelle récession en se basant sur l’évolution d’un ensemble d’indices d’indicateurs avancés. Ils ajoutaient à leur prédiction:

And there is nothing that policy makers can do to head it off.

En gens prudents, ils se sont bien gardés d’associer à cette prédiction une date de début de cette éventuelle récession.

Dans son communiqué publié le 25 octobre, la Banque du Canada est moins pessimiste que l’ECRI. Elle s’attend à une croissance faible de l’activité économique aux États-Unis d’ici la fin du premier semestre de 2012, et non pas à une contraction.

Comme quoi les perspectives de l’économie américaine oscillent entre le scénario d’une croissance faible et celui d’un recul de l’activité économique pouvant se transformer en récession. Faut-il s’attendre dans ce contexte à une intervention des pouvoirs publics pour stimuler la croissance et l’emploi? Des propositions ont été avancées, mais la probabilité qu’elles soient adoptées est très faible dans le climat politique actuel.

Mise à jour du 23 novembre 2011 : L’économie américaine affiche des signes de résilience et d’amélioration. Le Chicago Fed National Activity Index, publié le 21 novembre, indique, qu’en octobre, l’économie des États-Unis a continué de progresser bien qu’à un rythme inférieur à sa tendance de long terme. Quant à l’indice des indicateurs économiques avancés du Conference Board pour ce pays, son évolution mensuelle et semestrielle signale, selon les chiffres publiés le 18 novembre, une croissance modeste de l’économie américaine avec perspective d’amélioration au cours des mois à venir, alors qu’il y a un mois, les perspectives étaient plutôt d’un fléchissement de la croissance. Ajoutons à cela que les demandes initiales d’assurance-chômage demeurent en-dessous du seuil critique des 400 000 depuis quelques semaines, selon les données publiées le 23 novembre par le Département du Travail, signe que les affaires des entreprises américaines sont suffisamment bonnes pour garder en poste leurs employés. La confiance des consommateurs aurait aussi connu une légère amélioration en novembre bien qu’étant encore très faible, selon les résultats de l’enquête Reuters/University of Michigan rendus publics aussi le 23.

Les marchés boursiers laissent cependant peu de place à l’optimisme ces jours-ci quant aux perspectives économiques. Ils traduisent une inquiétude grandissante quant aux conséquences de la crise financière, notamment en Europe, et aussi quant à l’absence d’une entente aux États-Unis sur les mesures de restriction des dépenses publiques.

Par ailleurs, le Bureau of Economic Analysis a révisé à la baisse sa première estimation de la croissance du PIB américain au troisième trimestre. Il aurait crû de 2,0 % en rythme annuel plutôt que de 2,5 %, selon les données publiées le 22 novembre.