La rémunération des travailleurs canadiens ne suit pas la croissance économique.

La compétitivité du Canada 

Selon le Global Competitiveness Index la performance économique du Canada s’est améliorée, passant de la 13ième position en 2005 à la 16ième position en 2006, puis de la 10ième sur 139 pays en 2010 à la 12ième sur 142 and 2011-2012. Le pourcentage de sa population en âge de travailler qui a un emploi est passé de 54,5% en 1970 à 64,1% en 2005 et à 62,3% en 2010, ce qui situe le Canada au 2ième rang des pays de l’OCDE ayant fait l’objet d’une étude[1] de la Resolution Foundation d’Angleterre de laquelle proviennent les données statistiques que nous citons ci-après.

Quelques indicateurs de l’évolution de la rémunération des travailleurs canadiens 

Au Canada, la part de la rémunération du travail dans la valeur ajoutée brute est passée de 59% en 1970 à 55% en 2007. Le rapport du changement annuel moyen dans le salaire médian des travailleurs à temps plein au changement annuel moyen dans le PIB par personne n’a pas bougé au Canada entre 2000 et  2007, ce ratio étant de 0,00 alors qu’il était de 0,79 en Finlande, 0,73 au Japon, 0,68 en Suède, 0,60 au Danemark, 0,43 en Angleterre, 0,32 en Australie, 0,26 aux É.U., 0,12 en France et 0,08 en Allemagne. La  croissance  du salaire médian des travailleurs canadiens a  été nulle sur la période observée alors que dans les autres pays étudiés la croissance du salaire médian des travailleurs a été plus élevée que celle du PIB per capita. Il s’agit d’un résultat qu’il nous faut tenter de comprendre. .

La part de la valeur ajoutée versée en rémunération globale (incluant les avantages sociaux et les charges sociales)  aux travailleurs  multipliée par la part des salaires dans la rémunération globale des travailleurs à temps plein  indique la part de la valeur ajoutée brute versée en salaire. Au Canada, celle ci est passée de 55% en 1970 à 48% en 2007, autre indication du fait que les salaires médians ne suivent pas la croissance économique au Canada. 

Par ailleurs, la dispersion des salaires bruts des travailleurs canadiens à temps plein augmente. Le rapport des salaires versés au 10ième décile (les salaires de ceux qui sont parmi les 10% les plus élevés) à celui du 1er décile (les salaires de ceux qui sont parmi les 10% les plus bas) est passé de 3,5 en 1997 à 3,7 en 2010, indication d’un écart grandissant. Aux É.U.,  ce rapport est passé de 3,7 en 1973 a 5.0 en 2009, soit le plus haut niveau de dispersion observé dans les pays étudiés. 

Que conclure?

Nous avons constaté un déclin dans la part du travail dans la valeur ajoutée brute au Canada. Le changement technologique qui augmente la contribution des facteurs autres que le travail dans la production et la diminution dans la part de la rémunération globale versée en salaire sont parmi les facteurs qui expliquent ce que nous observons. L’étude de la Resolution Foundation permet d’estimer la valeur explicative de ces facteurs. Il ne faudrait pas négliger la part explicative qui provient  de la mondialisation et des changements structurels dans notre économie, i.e. la croissance relative du secteur des services dont plusieurs des activités sont moins bien rémunérées que celles des secteurs primaire et secondaire. Certes, les retournements conjoncturels ont pu également jouer et les politiques monétaires et fiscales doivent s’y attaquer mais il ne faut surtout pas négliger les politiques structurelles. La Chine y voit dans son dernier plan de développement et il ne faut pas s’imaginer que nos voisins américains en resteront à des politiques neutres sur le plan structurel. 


 


[1]Painful Separation: An International Study of the Weakening Relationship Between Economic Growth and the Pay of Ordinary Workers