Le maintien ou le retour en emploi après 65 ans est un thème récurrent qui prend de plus en plus de place dans les préoccupations populaires, tant pour les baby boomers qui ont, ou auront, une décision à prendre à cet égard, que pour les plus jeunes générations qui ont et auront à payer pour la retraite des baby boomers ainsi que pour la leur.
Nous craignons, à juste titre, que l’affaiblissement prévu de la croissance économique causé par le vieillissement démographique constitue une menace pour les gouvernements qui ont grand besoin d’un PIB qui augmente à un rythme élevé pour puiser les revenus dont ils auront besoin pour payer les pensions et financer leurs engagements vis-à-vis les soins de santé d’une population vieillissante.
Les solutions à ces problèmes ne pleuvent pas. Il faut augmenter la productivité, augmenter le taux d’activité ou augmenter les deux. Ceci est évident si on s’en remet au fait que le niveau de vie d’une population dépend fondamentalement de quatre facteurs : 1) la productivité; 2) l’intensité du travail (les heures travaillées par année); 3) le taux d’emploi et 4) l’âge relatif de la population.
Puisqu’on ne peut s’attendre à ce que les heures travaillées augmentent dans les prochaines années, il ne reste plus que la hausse de la productivité ou de l’emploi pour compenser les effets du vieillissement démographique.
La productivité, on a beau faire appel, ne bouge pas ou à peine. Mais peut-on faire bouger le taux d’emploi? Oui, de deux manières. Premièrement, en exploitant les réserves de main-d’œuvre qui restent dans la population considérée traditionnellement en âge de travailler (15-64 ans) puis, deuxièmement, en faisant appel, dans un contexte où l’espérance de vie s’allonge significativement (80 ans, soit plus de trois ans pour les hommes entre 2000 et 2010 et 84 ans, soit près de deux ans pour les femmes au cours de la même période), au groupe d’âge qui n’est pas classiquement retenu dans ce type de considérations : les 65 ans et plus.
À cet égard, nous voulons soulever deux initiatives prises par des pays modèles quant à la hausse du taux d’activité des 65 ans et plus. Le premier de ces pays est le Danemark. Le second est la Suède.
Au Danemark, on a décidé de procéder comme suit. On a commencé par mesurer l’accroissement de l’espérance de vie entre 1996 et 2005 pour constater que celle-ci avait augmenté de 1,8 an. Par la suite, il est prévu qu’en conséquence, on augmentera l’âge des droits aux retraites hâtives en 2015, et il en sera fait de même pour la pension statutaire en 2020. Le système est simple : on mesurera l’accroissement de l’espérance de vie à tous les cinq ans puis on appliquera cet accroissement à l’âge de la retraite hâtive ou de la retraite statutaire 10 ans et 15 ans plus tard respectivement, ce qui revient à annoncer ces changements 10 ans ou 15 ans à l’avance.
La formule adoptée en Suède est encore plus audacieuse. Le tableau suivant donne une idée de la diminution des pensions de retraite accordées et de l’âge (repoussé) auquel on aura droit à ces prestations en fonction de la date de naissance des individus:
Tableau 1
Effet de l’accroissement projeté de l’espérance de vie
sur la prestation de pension et l’âge de la retraite, Suède.
Année de naissance Variation de la pension Âge de la retraite
1940 0 % 65a
1950 -4% 65a/7m
1960 -7% 66a/1m
1970 -10% 66a/6m
1980 -12% 66a/11m
1990 -13% 67a/2m
Source : 0xford Analytica (2011), extrait du Sweden’s National Social Insurance Board
En suivant ce tableau qui, originalement, comporte des informations à tous les cinq ans, on est sûr que le système s’autofinancera. Qu’en pensez-vous?
Bibliographie
OXFORD ANALYTICA(2011), « Aging and Employment : Analysis of Five Countries and Two US States», rapport produit pour la Commission nationale sur la participation au marché du travail des travailleuses et travailleurs expérimentés de 55 ans et plus, Gouvernement du Québec, Québec, le 15 décembre 2010.