Communiqué de presse
Pour diffusion immédiate
Le point sur la situation économique et financière du Québec du 7 novembre 2023
Le ralentissement économique et le contrôle de la croissance des dépenses mettent les finances publiques du Québec sous pression
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Montréal, 7 novembre 2023 – Le Comité des politiques publiques (CPP) de l’Association des économistes québécois constate, à la lumière de l’énoncé économique du ministre des Finances d’aujourd’hui, que la normalisation de la croissance des dépenses et le retour à l’équilibre budgétaire prévus au Budget 2023-2024 déposé en mars dernier apparaissent maintenant plus difficiles à atteindre.
La mise à jour du ministre Eric Girard survient dans un contexte mondial d’inflation qui redescend plus lentement que prévu et d’incertitude économique qui perdure, en raison notamment des conflits et des tensions géopolitiques. Cette incertitude se traduit par des taux d’intérêt à long terme plus élevés que prévus au printemps, ce qui plombe l’investissement des entreprises et alourdit le fardeau des dettes publiques.
Le ralentissement économique au Canada et au Québec apparaît aussi plus marqué qu’anticipé au printemps. Pour le Québec, le ministre s’attend à ce que la croissance atteigne pour 2023 le niveau prévu de 0,6 pourcent, mais révise à la baisse la croissance pour 2024 à 0,7% par rapport à 1,4 pourcent en mars.
Le déficit budgétaire prévu pour 2023-2024 est inchangé par rapport au budget de mars 2023 à 4 milliards de dollars. Des revenus de transferts fédéraux et des revenus divers plus élevés compensent la baisse prévue des revenus fiscaux et les dépenses de portefeuilles et de frais sur la dette plus élevées.
Le ministre annonce pour environ un milliard de dollars par année de mesures pour offrir un meilleur accès au logement, lutter contre l’itinérance et bonifier l’aide alimentaire, appuyer la formation dans des domaines spécifiques, soutenir la transition climatique et les communautés, et favoriser l’investissement des entreprises. En 2023-2024, ces mesures sont financées par la réduction de la provision pour éventualités. Le Point indique aussi que l’indexation de 5,08% du régime fiscal le 1er janvier 2024 dont les coûts sont provisionnés au cadre financier augmentera le revenu disponible des ménages d’environ 2 milliards de dollars en 2024.
Le Point indique que le taux de croissance annuel moyen des revenus devrait s’établir à 3,1% entre 2022-2023 et 2027-2028 et celui des dépenses de portefeuille à 2,3 %. Maintenir un rythme de croissance des dépenses comparable à celui de la croissance des revenus, mais beaucoup plus faible que celui observé dans les années antérieures, constituera un défi important, compte tenu notamment des importantes pressions sur les dépenses salariales. Le ministre a indiqué que les dernières offres salariales déposées par le gouvernement sont pleinement intégrées au cadre financier mais que toute nouvelle dépense se traduirait par de l’endettement additionnel.
Le Point maintient donc les prévisions du solde budgétaire incluses au Budget de mars 2023 et réitère l’engagement du gouvernement de retourner à l’équilibre budgétaire d’ici 2027-2028. Le CPP appuie cet engagement. Il appuie aussi le maintien de la Loi sur l’équilibre budgétaire et de la Loi sur la réduction de la dette et instituant le Fonds de génération et les mesures législatives incluses dans le projet de loi 35 pour leur modernisation sur la base des propositions du budget 2023. Le CPP croit que le cadre législatif unique dont le Québec s’est doté a contribué à l’amélioration remarquable observée de ses finances publiques au cours des 20 dernières années.
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Un cadre financier plus à risque et une marge de manœuvre limitée en vue du Budget 2024-2025
Le ministre Eric Girard maintient les cibles budgétaires du budget de mars 2023, mais le ralentissement économique et les pressions de dépenses le contraignent à réduire considérablement ses provisions pour éventualités. L’atteinte de ses cibles est donc plus à risque et la marge de manœuvre pour financer de nouvelles initiatives dans le prochain budget apparaît donc très limitée. L’énoncé réaffirme par ailleurs l’importance qu’accorde le gouvernement au rattrapage économique du Québec par rapport à l’Ontario. Le ministère a tenu une consultation auprès d’experts universitaires cet été pour identifier des pistes de solution et le Point indique que le ministère identifiera au cours des prochains mois les suggestions les plus porteuses.
L’information transmise aujourd’hui établit le contexte pour les consultations et la planification menant au Budget 2023-2024. Pour le CPP, un environnement plus contraint financièrement doit être une occasion d’élargir les discussions et d’examiner systématiquement les possibilités que pourraient apporter des changements à nos façons de faire.
Le prochain Budget devra donc prioriser les gestes nécessaires pour faire face aux défis structurels de l’économie et du secteur public québécois, défis qui incluent au premier chef l’augmentation de la productivité de nos entreprises, la modernisation des façons de faire dans l’appareil public pour améliorer la livraison des services, la capacité de l’industrie de la construction à réaliser l’énorme volume de travaux nécessaires à la remise en état de nos infrastructures et à l’augmentation de la production d’électricité propre, et finalement l’intensification des efforts pour atteindre les cibles du Québec en matière de réduction de gaz à effet de serre.
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CONTACT
Louis Lévesque, président Comité des politiques publiques 514-835-7002 | André Bernier, directeur général Association des économistes québécois 581-849-9975 |