L’EMPLOI AU QUÉBEC: LE FACTEUR «FEMMES»

Depuis 20 ans, le taux d’emploi du Québec a presque continuellement progressé à travers les hauts et les bas de la conjoncture économique pendant que les taux d’emploi de l’Ontario et des États-Unis ralentissaient ou reculaient.

Quelle est la source de la hausse incessante du taux d’emploi du Québec au cours de cette période ? C’est l’ascension ni plus ni moins que spectaculaire du taux d’activité des femmes québécoises. En 20 ans, de 1993 à 2013, le taux d’emploi des femmes de 15 à 64 ans du Québec est passé de 55 % à 70%. Celui des hommes de la même catégorie d’âge a été stationnaire ; il tourne autour de 73 % depuis 40 ans. Le taux de participation des femmes au marché du travail a donc presque rattrapé celui des hommes. Les normes sociales ont évolué. La scolarisation a progressé plus rapidement parmi les femmes que parmi les hommes. Et, grâce à des politiques comme les services de garde à tarif réduit et les congés parentaux étendus, la conciliation du travail et de la famille a été facilitée. À 80 % en 2013, le taux d’emploi des femmes de 25 à 54 ans était plus élevé au Québec que dans chacune des quatre autres grandes régions du Canada (Atlantique, Ontario, Prairies et Colombie-Britannique). 

Une caractéristique des femmes sur le marché du travail est qu’elles sont beaucoup plus nombreuses que les hommes à vouloir occuper un emploi à temps partiel. En 2013, au Québec, elles détenaient 65 % des emplois à temps partiel et les hommes, 35 %. Par conséquent, leur présence accrue sur le marché du travail a entraîné une progression plus rapide de l’emploi à temps partiel que de l’emploi à temps plein. De 1993 à 2013, au Québec, l’emploi à temps plein a augmenté de 31 % ; l’emploi à temps partiel, de 45 %.

Il n’y a rien de pathologique dans cette évolution. Elle reflète en majeure partie la préférence plus marquée des femmes que des hommes pour l’emploi à temps partiel et l’adaptation des employeurs à cette préférence. L’emploi à temps partiel n’a rien de méprisable et il est largement volontaire. En 2013, seulement 7 % des femmes et des hommes occupant un emploi à temps partiel étaient à la recherche d’un emploi à temps plein. La part du temps partiel dans l’ensemble des emplois est maintenant à peu près la même au Québec qu’en Ontario, soit environ 19 % depuis deux ans.

Ce billet est le 3e d’une série sur le thème de la situation de l’emploi au Québec. Il fait suite à et à .

Une version antérieure de ce billet a été publiée dans L’actualité.