L’EMPLOI AU QUÉBEC: REGARDER AU-DELÀ DU COURT TERME

Lorsqu’on veut avoir une idée juste de l’évolution de l’emploi sur un territoire dans le temps, on concentre habituellement l’attention sur une moyenne mobile des taux d’emploi mensuels.

Le taux d’emploi, comme on sait, est le pourcentage de la population qui occupe un emploi. En rapportant l’emploi à la population, on se trouve à tenir compte de la taille et de la croissance démographiques du territoire observé. La base démographique de référence qui est retenue par les organismes internationaux est habituellement la population de 15 à 64 ans, parce que c’est dans cette catégorie d’âge que se recrute l’immense majorité des travailleurs (97 % au Québec). L’indicateur utilisé est donc, plus précisément, le taux d’emploi des 15-64 ans. Pour n’oublier personne, il est recommandable de diviser le nombre de toutes les personnes employées de 15 ans ou plus par la population de 15 à 64 ans. 

Afin de refléter le cycle naturel des quatre saisons de l’année, la moyenne mobile utilisée dans la suite va couvrir les 12 mois les plus récents. Chaque mois, elle se calcule comme la moyenne des taux d’emploi qui ont été enregistrés pour le mois courant et les 11 mois précédents. Par exemple, la moyenne mobile pour juin 2013 est la moyenne des taux enregistrés pour les 12 mois allant de juillet 2012 à juin 2013. Cette procédure atténue la variabilité des taux d’emploi mensuels, puisque le calcul de la moyenne permet aux taux excessivement faibles de certains mois de compenser pour les taux excessivement élevés de certains autres mois. On peut alors mieux discerner la tendance de fond du taux d’emploi.

La figure 1 utilise cette moyenne mobile de 12 mois pour décrire la trajectoire parcourue depuis 20 ans par le taux d’emploi des 15-64 au Québec et chez ses deux grands partenaires économiques, l’Ontario et les États-Unis.

Figure 1

Deux phénomènes attirent immédiatement l’attention. Premièrement, en 1994, le taux d’emploi du Québec (62 %) accusait des retards considérables de 7 points de pourcentage sur celui de l’Ontario et de 11 points sur celui des États-Unis. Aujourd’hui, 20 ans après, notre taux d’emploi (74 %) a rejoint celui de l’Ontario et, pour l’instant du moins, dépasse celui des États-Unis. Deuxièmement, la chute du taux d’emploi pendant la récession qui a frappé les trois économies en 2008-2009 a été très profonde aux États-Unis (moins 5 points), intermédiaire en Ontario (moins 3 points) et plutôt bénigne au Québec (moins 1 point). On voit donc que, de janvier 1994 à février 2014, le taux d’emploi du Québec a presque continuellement progressé à travers les hauts et les bas de la conjoncture économique pendant que les taux d’emploi de ses deux partenaires ralentissaient ou reculaient.

Que nous dit la figure 1 sur la performance comparative récente du Québec en matière d’emploi ? La réponse ne souffre d’aucune ambiguïté. On peut constater, dans la partie droite de la figure, qu’en moyenne mobile de 12 mois le taux d’emploi des 15-64 ans s’est maintenu récemment à peu près au même niveau au Québec qu’en Ontario. Les deux provinces arrivent nez à nez.

(Ce billet fait suite à celui intitulé La situation de l’emploi au Québec : les pièges à éviter publié le 2 avril 2014 sur Libres Échanges)

NB: Une version antérieure de ce billet a été publiée dans L’Actualité.