À la mi-septembre, la Commission européenne prévoyait la quasi-stagnation de l’activité économique dans la Zone euro. Depuis, il y a eu détérioration et les indicateurs économiques avancés laissent entrevoir la possibilité d’une contraction de son PIB qui pourrait muter en récession.
L’évolution mensuelle et semestrielle de l’indice des indicateurs avancés du Conference Board pour la Zone laisse présager un recul de son activité économique. Presque toutes les composantes de cet indice montrent des signes de faiblesse.
L’Economic Sentiment Indicator de la Commission européenne pour la Zone a peu varié en octobre, mais il a enregistré des baisses prononcées au cours des derniers mois. Il se situe nettement en-dessous de la tendance historique de long terme, mais, pour l’instant, même s’il traduit bien le pessimisme des consommateurs et des industriels notamment, il est encore loin du creux atteint au début de 2009. Il n’en témoigne pas moins lui aussi d’une aggravation des perspectives économiques.
Les résultats de l’enquête d’octobre, et ceux des mois précédents, auprès des gestionnaires d’approvisionnement des entreprises pointent vers une contraction de l’activité et ce, tant dans les industries de services que de la fabrication.
La Banque du Canada a avancé, dans son Rapport sur la politique monétaire du 26 octobre, que la Zone euro se dirige vers une brève récession. Le nouveau président de la Banque centrale européenne est allé dans le même sens au cours d’un commentaire public le 3 novembre. Dans une note du 31 octobre spécialement préparée en vue du G20 à Cannes, l’OCDE prévoit un ralentissement marqué pouvant aller jusqu’à une légère baisse de l’activité économique.
Ainsi, rien de surprenant à ce que la Banque centrale européenne ait fait marche arrière et réajusté à la baisse son taux d’intérêt directeur le 3 novembre. Elle l’avait augmenté en juillet dernier en vue de contenir la progression des prix à la consommation, et cette décision avait été abondamment critiquée.
Sur le plan fiscal, les gouvernements de certains pays de la Zone ont encore une marge de manoeuvre pour stimuler l’économie et éviter qu’elle ne s’enfonce vers une récession qui générerait encore plus de chômage et de tensions sociales. D’autres pays ont déjà épuisé leur capacité d’intervention budgétaire, et leurs options se limitent à démontrer aux marchés financiers qu’ils peuvent contenir leur endettement endémique par des mesures d’austérité. Les acheteurs d’obligations gouvernementales s’inquiètent des possibilités de défauts de paiement de bien des pays, et ils exigent ces temps-ci des taux d’intérêt prohibitifs sur leurs titres de dettes. Les coûts de protection contre les défauts de paiement (credit default swaps) ont aussi beaucoup augmenté pour ces pays, rendant leurs titres encore moins attrayants. Le plan d’action européen annoncé à la fin d’octobre sera-t-il suffisant dans un contexte où, après la Grèce, l’on s’intéresse de plus en plus à de gros joueurs comme l’Italie et l’Espagne? Si l’épicentre du premier épisode de l’actuelle crise financière se situait aux États-Unis, le deuxième se joue, sans contredit, en Europe.