L’énoncé du 5 janvier dernier du président Obama confirme l’intérêt grandissant que portent les États-Unis à l’Asie dans leur politique de défense, changement motivé en partie par l’augmentation importante des dépenses militaires de la Chine et son dynamisme économique.
Ce changement de politique est aussi manifeste dans l’importance que donnent les États-Unis à la négociation d’une nouvelle entente trans-Pacifique, entente en négociation avancée avec l’Australie, le Brunei Darussalam, le Chili, la Malaisie, la Nouvelle- Zélande, le Pérou, Singapour et le Vietnam pour l’instant.
Notons l’absence de la Chine dans cet ensemble de pays. Pas besoin d’être devin pour comprendre que cette entente, compatible avec celle annoncée dans le domaine militaire, vise à préparer les États-Unis à faire face éventuellement à la Chine en Asie. On y pratique, pour l’instant du moins, la politique de la main de fer dans un gant de velours et on concilie, comme cela se doit, la politique militaire avec la politique commerciale.
Le premier ministre Harper a indiqué récemment que le Canada songeait à se joindre aux pays qui négocient l’entente trans-Pacifique. Passons sous silence les effets sérieux qu’aurait une telle entente sur les politiques visant à protéger les producteurs de lait, de fromage, de volaille, lesquelles imposent des coûts importants aux consommateurs. Signalons toutefois qu’il nous semble nécessaire de concilier cette volonté de participer à l’entente trans-Pacifique avec les autres énoncés de politique canadiens visant à développer les relations commerciales et politiques avec la Chine. Poursuivre les deux simultanément ne nous semble pas possible.
Les mutations profondes qui s’annoncent en Europe, le développement imminent de nombre de pays d’Afrique et d’Amérique Latine, le rôle de plus en plus significatif des grandes villes étant donné l’urbanisation grandissante du monde, voilà d’autres changements qui motivent un re-examen de la politique étrangère et commerciale du Canada et, par voie de conséquence, des changements dans ses politiques internes.
En rester à une politique qui émule en bonne partie celle des États-Unis alors que ce pays joue encore un rôle hégémonique ne nous semble pas indiqué. Des relations bilatérales et régionales ciblées nous semblent plus appropriées en attendant que l’OMC modifie son menu de négociations pour le rendre attrayant aux pays membres.