Avant son départ pour une autre province, Jean-Thomas Bernard m’entretenait régulièrement du déclin de son village natal, Sainte-Euphémie-sur-Rivière-du-Sud dans la circonscription de Montmagny-L’Islet. En 2006, seulement 358 personnes y demeuraient.
Pourtant, le taux de fécondité y était élevé dans le passé. Cet ex-collègue vient d’une famille de dix enfants. Neuf ont quitté la région parce que les emplois étaient ailleurs. Le seul qui y est resté a cultivé la terre familiale.
S’il y avait eu quinze enfants dans cette famille, il est tout probable que quatorze d’entre eux auraient quitté la région. Il n’y a pas de lien en effet entre la fécondité et l’évolution de la population d’une région. Le lien se trouve plutôt avec l’évolution de l’emploi dans la région.
Le cas de ce petit village permet un questionnement sur l’efficacité des politiques populationnistes du gouvernement du Québec. La figure donne l’évolution de la part de la population du Québec sur celle du Canada depuis 1921. Cette part s’est maintenue à 29 pour cent entre 1941 et 1966 pour ensuite montrer une tendance constante à la baisse pour atteindre 23,1 pour cent en 2011.
Source :
http://www.stat.gouv.qc.ca/donstat/econm_finnc/conjn_econm/TSC/pdf/chap1.pdf
Devant ce déclin, le gouvernement adopte des politiques orientées vers l’augmentation de la population : hausse des cibles annuelles de l’immigration internationale et des mesures favorables à l’accroissement de la natalité comme les subventions pour les congés parentaux et aux garderies ou centres de la petite enfance.
Pourtant, l’exemple de Sainte-Euphémie s’applique à toute la province : la politique la plus favorable à une hausse de population est une politique orientée vers la croissance économique, qui permet de stimuler la demande de main-d’œuvre et les emplois intéressants.
En somme, la population va où sont les emplois. La population en Alberta a été récemment en forte expansion, alors que celle des provinces maritimes stagnait. Ces évolutions n’étaient pas influencées par les taux de natalité de ces deux régions mais bien plutôt par leur développement économique respectif.