Les 2, 3 et 4 mai prochain se tiendra, à Montréal, le 37e congrès de l’Association des économistes québécois dont le thème sera : La prospérité au Québec : nos choix pour y arriver. Ce sera un événement spécial, parce que les congressistes seront appelés à se prononcer sur des propositions que les conférenciers leur soumettront. Laissez-moi vous expliquer cela plus en détail.
D’abord le thème : la prospérité du Québec. À première vue, cela ne semble pas bien original et vous avez peut-être une impression de déjà entendu : bon, on va encore entendre parler de productivité et se faire dire que les Québécois ne travaillent pas assez. Bien vu ! Mais non, je blague. Je ne dis pas qu’on ne parlera pas de productivité, mais je vous jure qu’on ne parlera pas que de cela ! Et surtout, on n’en parlera pas de façon purement théorique. Les conférenciers vous soumettront des propositions, reliées au sujet de leur allocution, sur lesquelles vous devrez vous prononcer. Il vous faudra donc les écouter attentivement (au lieu de consulter votre BlackBerry), soupeser leurs arguments (au lieu de les croire sur parole) et voter (au lieu de vous contenter d’applaudir). Ce sera un congrès « participatif », axé sur les solutions plutôt que sur les problèmes.
Le congrès est articulé autour de trois axes : les citoyens, les entreprises et les gouvernements, chacun de ces groupes ayant un rôle à jouer et des responsabilités à assumer dans l’atteinte de la prospérité au Québec. La première partie, consacrée au citoyen, comporte deux volets. Dans le premier, qui porte sur la responsabilité citoyenne, on s’interrogera sur le rôle des citoyens en ce qui a trait à l’éducation, la retraite et les services publics, trois sujets éminemment d’actualité. Le deuxième volet traitera d’éthique et de culture civique. Cette section parlera du sens de l’engagement et de la démocratie, du côté éthique ou civique de la demande de transport en commun et de conciliation entre la croissance économique et le respect de l’environnement. Trois sujets qui interpellent de plus en plus les citoyens à l’heure où l’on remet en question les modèles concentrés sur la croissance économique.
La deuxième partie du congrès s’intéresse aux entreprises. En premier lieu, on se penche sur les façons de créer de la richesse en faisant mieux. Oui, là on parlera de productivité — via l’investissement dans la formation et l’innovation – car c’est quand même un sérieux problème au Québec. On va aussi se demander comment encourager l’entrepreneuriat, parce que, comme vous le savez, les Québécois n’ont pas la bosse des affaires très développée. En second lieu, on se demandera comment créer de la richesse en faisant autrement. On parlera ici de développement durable et des façons de repenser l’organisation et les pratiques des entreprises à la lumière du modèle coopératif ou mutualiste. Par ailleurs, l’immigration est souvent vue comme une solution à la rareté de la main-d’œuvre qui pourrait résulter du vieillissement de la population québécoise. Dans quelle mesure, cependant, les entreprises réussissent-elles à bien intégrer les immigrants, et comment devraient-elle le faire ? Ce sera un autre sujet abordé dans ce volet.
Enfin, le dernier – mais non le moindre – des contributeurs à la prospérité de la société québécoise autour duquel tourneront les thèmes de la troisième partie du congrès, c’est l’État. La première session portera sur le rôle de l’État en tant que gestionnaire du fait public, et le premier sujet dans cette catégorie, un incontournable, sera celui pour lequel on remporte la palme au Québec : la dette publique. Bon, c’est sûr qu’on n’a pas vraiment envie de regarder de trop près où en sont nos finances (surtout qu’on viendra à peine de compléter notre rapport d’impôt), mais on n’a pas le choix et celui qui nous en parlera le fera avec délicatesse, j’en suis sûre. Tout comme celle qui aura la tâche de discuter du financement du système de santé, le plus gros poste des dépenses de l’État et qui n’est pas près de maigrir. Et puis on nous entretiendra des infrastructures, de l’importance qu’elles revêtent pour le développement économique de la province et de la nécessité d’en développer de solides – qui ne nous tomberont pas sur la tête – et puis, surtout, de les entretenir. La seconde session concernera l’État en tant que promoteur de croissance économique. On parlera ici de politique fiscale, du développement des ressources naturelles – le Plan Nord – et de la redistribution du revenu en tant que vecteur de croissance : oui, ça peut être rentable d’être plus égalitaire !
Je vous ai fait faire un tour d’horizon très rapide du programme du congrès, sans vous mentionner les noms des conférenciers, qui sont tous des experts dans leur domaine et d’excellents communicateurs, mais vous n’avez qu’à cliquer ici pour avoir tous les détails : http://www.economistesquebecois.com/activites/congres/programme2012
Ah oui, j’oubliais : l’atelier de formation, qui a lieu en début de congrès mercredi le 2 mai, portera sur l’économie expérimentale. L’économie expérimentale, c’est une méthode qui permet de tester les politiques publiques en étudiant les réactions des individus face à des choix qui leur sont proposés. J’ai déjà participé à une séance d’économie expérimentale et j’ai trouvé ça fascinant. Durant l’atelier, qui sera animé par les chercheurs du Centre interuniversitaire de recherche en analyse des organisations (CIRANO), un précurseur en économie expérimentale, vous pourrez participer à deux expérimentations. Et ne vous en faites pas, CIRANO traite très bien ses cobayes.
Allez, j’espère vous avoir donné le goût de participer au 37e congrès de l’Association des économistes québécois. Vous pouvez vous inscrire en ligne à l’adresse suivante :
http://www.economistesquebecois.com/activites/congres/inscription .
Au plaisir de vous y rencontrer,
Thérèse Laflèche
Membre du comité organisateur.